J’ai reçu de nombreux retours positifs et questions au sujet du dernier article concernant le Leadership et son lien avec l’épanouissement personnel (merci !!). Je n’ai pas pu m’empêcher d’observer cependant les préconceptions que le mot ‘leadership’ peut générer. Et c’est étroitement lié avec l’image – très franco-française – qui peut être associée à l’ambition et au succès : à la fois attirante mais terriblement intimidante. A tel point que certaines personnes diront même que « ce n’est pas pour elles », voire le mépriser (comme l’argent), tellement le sujet lui fait peur. J’ai entendu aussi cette association d’idée : on pense au leader, à l’ambition, et on l’associe au P-DG (un homme, blanc, dans la cinquantaine, cliché quoi 😉 ) d’une multinationale, prêt à tout pour parvenir à ses fins… Dans ce contexte, je comprends très facilement que cela puisse rebuter aussi ! Mais pensez-vous vraiment qu’exprimer son leadership, réaliser ses ambitions (de vie), ne passent que par ce modèle ? Bien sûr que non 😉 Nous allons voir pourquoi (et comment) il est possible de réussir sans trahir ses valeurs.
« Pour réussir il faut être prêt.e à trahir à ses valeurs »
Vérité ou jugement de valeur ?
N’est-ce pas en filigrane la pensée qui vient souvent à l’esprit quand on parle d’ambition, de leader, de succès. On imagine des personnes qui sacrifient leurs valeurs (si tant est qu’elles en avaient), pour parvenir à leurs fins. On visualise des personnes isolées, qui ne pensent et ne vivent que par le prisme de leur travail. Pour peu qu’il s’agisse d’une femme, on jugera ses capacités à être une bonne mère, compagne, etc… (Sujet piquant de la prochaine chronique).
De quelques exemples d’hommes d’affaires véreux mais à succès, « on » en tire une généralité : tous les P-DG sont des pourris.
Il s’agit bien évidemment d’une croyance. Car rien ne permet d’affirmer mordicus que pour réussir il faut renier ses valeurs et n’avoir aucune limite. Une croyance, c’est une affirmation tellement ancrée à l’intérieur de nous, tellement intériorisée, qu’on la prend pour une vérité au même titre que la Terre tourne autour du Soleil. On a d’ailleurs rarement conscience de son existence car elle fait partie du filtre au travers duquel nous voyons le monde. De la même manière qu’on ne voit pas son œil qui voit, on ne se rend pas compte du filtre par lequel on traduit le monde qui nous entoure.
Ainsi, réaliser la subjectivité de cette affirmation (ou toutes ses variantes qui portent en réalité un jugement de valeur et sur la faisabilité de l’ambition) est une étape clé lorsque l’on travaille sur son développement, notamment s’il nous amène à nous interroger sur notre carrière et la place que nous souhaitons donner au travail dans notre vie.
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D’ailleurs, je précise que par ambition je ne parle pas uniquement de l’ambition professionnelle. Je désigne les ambitions de vie dans leur ensemble, où le pro ne fait qu’y contribuer. Le travail représente une part significative de notre temps éveillé et une manière fondamentale d’exprimer notre compétence et notre lien aux autres.
A quoi ça sert de penser ça ?
Comme toute croyance, elle a une utilité. Reste à savoir laquelle et si elle est toujours pertinente. Ou si à l’inverse, elle nous coûte plus qu’elle ne nous bénéficie.
Pour commencer, il peut être utile de s’interroger sur les origines de cette pensée, du moment où on l’a intégrée. Et si elle nous vient de nous ou de quelqu’un d’autre (ou encore d’une situation que l’on a vécue et traduite ainsi). Remonter à la source de la croyance permet déjà de la recontextualiser.
Je le dis souvent à mes clientes : le cerveau est incroyablement puissant mais aussi méga feignant !
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Comme il doit faire mille choses à la fois, il va chercher à simplifier et créer des règles pour faciliter la lecture d’événements similaires à l’avenir. (En même temps, quelle idée de vouloir respirer, alimenter tous les organes, le tout pendant qu’on parle, qu’on marche et de faire attention de pas se faire écraser ! #multitasking)
Ainsi, il est fort probable que le contexte dans lequel on aura associé ambition et requin par exemple, soit circonscrit à un type de personnalité spécifique, et/ou à un environnement particulier. De là, à dire que c’est valable pour tout le monde, tout le temps, c’est probablement une généralisation facile (#jesuismarseillaise !).
Dans la mesure où l’on sait probablement en notre for intérieur que ce n’est pas forcément tout le temps vrai, cela doit donc tout de même présenter des avantages que de se le répéter/d’entretenir cette pensée :
Ce système de pensée justifiera par exemple que je ne tente pas de réaliser mes ambitions (pour respecter mes valeurs), et ainsi ne pas prendre le risque de les voir échouer. Non seulement je me protège de l’échec, et je protège mes valeurs. Et, pourquoi pas en retirer même un peu de fierté car je suis prêt.e à sacrifier mon ambition pour mes valeurs. Pas mal non ? 😉
Sauf que…
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Décomposer et Reformuler une croyance
#1 – Poser un regard neuf sur le jugement et l’envie
Le jugement de valeur que l’on porte sur la présupposée absence de morale de ceux et celles qui osent poursuivre leur ambition ; dénote quand même d’une certaine envie (pas nécessairement méchante ou hargneuse) face à ceux qui osent faire ce que nous nous interdisons. Je trouve d’ailleurs que le prisme de la jalousie, de l’envie, est une piste très intéressante à creuser quand on se cherche, qu’on ne sait pas exactement ce qu’on voudrait dans la vie. La jalousie ne veut pas dire systématiquement que je voudrais exactement ce que l’autre fait ou entreprend, mais elle me donne des indications sur des limitations ou des croyances que j’entretiens pour moi (et que je projette sur les autres).
Et au-delà de ce jugement de valeur, il est quand même aussi fort probable (mais là c’est moi qui fait une supposition), que de renoncer à ses ambitions de vie génère à plus ou moins long terme de la frustration voire même de l’aigreur, surtout face à ceux qui ne sont pas limités comme nous. Et je constate que bien souvent dans les maladies/difficultés émotionnelles, mentales ou maladies d’origine psychosomatiques, on retrouve ces sentiments refoulés, pas forcément conscients d’ailleurs, qui finissent par se manifester « de force ».
#2 – Arbitrer entre les bénéfices et les coûts de la croyance
Aussi après pesé les bénéfices de cette croyance et ce qu’elle peut coûter, en termes d’énergie comme en termes d’état d’esprit et de comportement ; il convient de décider de ce qu’on l’en fait : je veux continuer à penser ça, ou est-ce qu’il me serait plus utile d’en changer ?
Quelle que soit votre choix, le mécanisme reste le même quant à comment modifier une croyance qui ne nous est plus utile : la décomposer, et la reformuler de manière à ce que cela résonne vrai en nous, que cela nous serve.
#3 – Décomposer la croyance, reformuler ce qui ne nous convient plus
Concrètement pour revenir à celle qui nous occupe dans cette chronique : « Pour réussir il faut être prêt à renoncer à ses valeurs ».
Déjà quelles sont vos valeurs ? Pour certaines personnes cela sera très évident tandis que pour d’autres il s’agira déjà d’un premier axe de réflexion profonde.
Les valeurs sont les critères qui nous servent comme grille de lecture du monde. Elles nous permettent de porter une sorte de jugement moral personnel sur ce qui nous entoure, selon que cela convienne ou pas. Ce sont les choses qui vont nous paraître importantes et primordiales, une sorte de code moral personnel (d’ailleurs en lien avec la culpabilité dont je vous parlerai dans 15 jours !). A préciser que les valeurs sont des éléments qui définissent qui contribuent à définir qui je suis, ce que je fais déjà. Ce ne sont pas des aspirations.
J’ai trouvé une liste qui regroupe plus de 200 valeurs si jamais vous avez besoin d’inspiration pour définir les vôtres : Parmi ces 211 choix, quelles sont vos valeurs? L’auteur parle d’ailleurs de « boussole interne », image que j’aime beaucoup pour définir les valeurs.
Une fois qu’on a mis le doigt sur les valeurs qui nous importent, le code moral qu’il nous est indispensable de respecter pour se respecter soi-même ; alors on peut se pencher sur l’ambition.
Ambition = carrière ?
A chaque fois qu’on associe uniquement ambition à carrière, j’ai envie de demander : pourquoi ? Le travail est-il le seul moyen de se réaliser ? D’ailleurs le travail est-il pour vous un moyen ou une fin en soi ? Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, mais cela mérite d’être questionné et abordé avec intention. Quand on veut par exemple être épanoui.e dans la vie, mais qu’on limite l’ambition à la seule sphère professionnelle ; n’est-ce pas limitant dans sa démarche ?
Avoir de l’ambition peut faire peur
Pourquoi est-ce qu’avoir de l’ambition devrait être intimidant, si ce n’est le risque de ne pas y arriver ? Comme le dit l’adage, le seul moyen d’être sûr de ne pas y arriver, c’est de ne pas essayer. Donc finalement le risque réel avec l’ambition, c’est soi d’échouer en essayant ; ou d’échouer… en n’essayant pas.
J’ai testé en coaching la méthode Simon Sinek « Trouver son pourquoi », qui part sur ses expériences de vie, les anecdotes qui ont marquées notre histoire ; et je dois dire que je suis plutôt bluffée par son efficacité !
Du courage, il en faut pour déconstruire une croyance limitante, adopter un nouveau mode de pensée.
Et ce n’est pas tout, car avoir de l’ambition demande du courage aussi : avant même de l’entreprendre, celui d’oser l’assumer. De ne pas la barricader dans un coin de sa tête et de jeter la clés loin ; mais plutôt de la faire exister en l’exprimant et en l’assumant. Et ça j’avoue c’est un moment qui n’est pas banal. Je suis moi-même passée par cette étape – j’y fais référence dans mon article sur la victimisation – et oui j’ai eu les chocottes ! Affronter que ma vraie ambition de vie n’était pas forcément d’être une super financière à Paris mais une top coach entrepreneure, auteure dans le sud de la France, il y a eu comme un gros bug système !
Prendre le temps d’accepter cette « nouvelle vérité »
Ce bug traduisait la confrontation entre ce que je voulais vraiment pour moi, pour ma famille, et qui détonnait complètement avec ce à quoi j’imaginais que ma vie allait être, et ce que je croyais devoir faire (je dirais même ce que j’imaginais que les autres attendaient de moi). TRIPLE BAM !
Cela demande forcément un temps d’ajustement, plus ou moins long selon les personnes, qui peut être facilité, accéléré, en étant accompagné.e si on en éprouve le besoin. Avoir le courage de ses ambitions ne rime pas avec tout plaquer et se précipiter. Parfois même, il sera judicieux de reporter, ou renoncer à le mettre en œuvre car cela comporterait vraiment trop de risques, ou le timing n’est pas adéquat, etc… Toujours est-il que c’est le meilleur moyen de ne pas entretenir de regret ou d’amertume, et ça c’est précieux dans la vie !
Donc pour conclure et répondre à la question que je posais au tout début ; je crois sincèrement que l’on peut réaliser ses ambitions de vie tout en respectant ses valeurs. Cela nécessite en revanche de s’assumer pleinement en tant qu’adulte, et de ne pas déléguer son estime de soi ou son bonheur aux seules attentes que les autres, parent, compagnon, proches, collègues, entretiendraient pour nous.
Peu importe le succès de la démarche, car il ne tiendra jamais qu’à votre seule personne. Mais assumer ses ambitions de vie c’est déjà réaliser une bonne partie du chemin ! Qu’en pensez-vous alors, réaliser ses ambitions de vie et respecter ses valeurs est-ce possible ?
Vous pouvez aussi prendre Rendez-vous directement avec moi ou encore venir échanger en live sur Instagram 🙂
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Merci pour ton article très complet. Il remet bien les choses au clair.
Je t’en prie Céline, je suis heureuse que cette vision des choses soit partagée 🙂
Merci pour ton article très intéressant ! Effectivement je pense qu’il est possible d’avoir des ambitions en respectant ses valeurs mais il faut oser faire face à ses peurs et savoir définir ce que l’on veut vraiment, pas toujours simple 😉
Amélie merci pour ton commentaire si positif ! Effectivement je rejoins ton analyse, cela demande un peu d’efforts/de courage d’accepter d regarder ses peurs plutôt que de les ignorer ou les nier. Je crois qu’ensuite définir ce qu’on veut vraiment vient assez naturellement une fois les peurs acceptées et que l’on a décidé ce que l’on voulait en faire (je vis avec, je trouve une alternative, je les déconstruits…) ! 🙂